Martinique : les voies et moyens pour sortir de l'impasse

    Une colonie ne se libère que par deux moyens : la révolution ou la négociation. Il n'y a pas un troisième !

    La Martinique ne peut donc échapper à cette sorte de loi historique. Quand on jette un regard rétrospectif sur les relations entre la Martinique-colonie et la France-métropole au cours des presque 4 siècles de relations tourmentées entre ces deux pays, on ne constate que deux tentatives de révolution :  

 

    . A la fin du 19è siècle : l'Insurrection du Sud en 1870 qui si elle fut extraordinairement courageuse, sera matée dans le sang. Ses principaux leaders furent fusillés, après un procès expéditif organisé par un tribunal militaire, au Jardin Desclieux à Fort-de-France ou envoyés au bagne de Cayenne comme ce fut le cas de Lumina Sophie. 

 

   . A la fin du 20è siècle : l'ARC (Alliance Révolutionnaire Caraïbe), principalement active en Guadeloupe, commit une trentaine d'attentats sur le territoire martiniquais : Golf des Trois-Ilets, gendarmerie de Rivière-Salée, Sous-préfecture de Trinité, Antenne de RFO au Morne-Rouge, Chase Manhattan Bank à Fort-de-France etc... Tout cela sans résultat ou plus exactement sans que la tutelle française s'en trouvât ébranlée. 

 

   Sinon, il y a toujours eu des révoltes d'esclaves avant l'Abolition en 1848 (notamment celle du Carbet en 1822), des échappées régulières de Nègres-marrons etc...et après 1848, de nombreux mouvements de révolte non pas pour en finir avec la tutelle française mais pour que les travailleurs obtiennent des conditions de travail et des salaires décents : grève de l'usine du François en 1901, révolte de Décembre 1959 à Fort-de-France, révolte des ouvriers agricoles du Nord en février 1974, grève générale d'un mois en février 2009, déboulonnage des statues de Joséphine Bonaparte, de D'esnambuc et de Schoelcher en 2020 etc...etc... Pour ne citer que les plus connus !

    Le Martiniquais n'a jamais été soumis, contrairement à ce qu'aucuns se plaisent à affirmer.

    Mais une révolte, une rebellion ou une grève générale ne sont pas des révolutions. Ce qui explique pourquoi elles s'avèrent incapables de changer la donne en dépit des morts et des blessés ainsi que du courage de celles et ceux qui les ont menées. L'actuel mouvement de revendication de "la terre aux Martiniquais" s'inscrit dans le cadre d'une (juste) révolte mais aucunement d'une révolution laquelle ne peut être que la remise en cause radicale des liens entre la "Colonie" et la "Métropole". Car si cela avait été le cas, comme dans d'autres pays autrefois colonisés, on entendrait des slogans ou on lirait sur les pancartes des manifestants : "INDEPENDANCE POUR LA MARTINIQUE", "SOUVERAINETE NATIONALE" etc...

   Car enfin, comment peut-on croire un seul instant que les problèmes liés à l'économie de comptoir, à l'accaparement des terres par une caste, à la bétonisation et la bitumisation délirantes, au chômage des jeunes et à l'exil de 4.000 d'entre eux chaque année, au trafic de stupéfiants etc..., peuvent être réglés sans que la question institutionnelle (en termes clairs celle de nos rapports avec la France) soit sérieusement prise en compte ? Or, nos principaux partis politiques ont préféré et préfèrent encore se réfugier derrière des slogans démagogiques et, pour parler franchement, idiots :  

 

    __"Les meilleurs spécialistes de la Martinique sont les Martiniquais".

 

    __"Nous proposons, le peuple dispose". 

 

   Cela revient à faire fi de trois-quarts de siècle d'assimilation intensive ! Oubliant que la loi votée en 1946 était une "Loi de Départementalisation et d'Assimilation". En toute honnêteté intellectuelle, si la première à été bénéfique (Sécurité sociale, sursalaire des fonctionnaires, allocations familiales, RMI puis RSA, allocation-chômage, CMU etc... sans même parler de la construction d'infrastructures), la deuxième a été tout simplement catastrophique. Toujours pour rester honnête, on ne saurait accabler le rapporteur de la loi de 1946, à savoir Aimé Césaire, quand on sait que la revendication d'assimilation apparut dès la fin du...19è siècle dans la bourgeoisie dite "mulâtre". 

   Qui pouvait prévoir que si les descendants de ceux qui vivaient autrefois dans les "Rues Cases-Nègres" purent enfin bénéficier d'une scolarisation totale, ce serait en contrepartie ou au prix d'une éradication progressive de la langue et de la culture martiniquaises et parconséquent de notre identité ? Qui pouvait prévoir que l'attribution des 40%, (d'abord réservés à leurs collègues "métros") aux fonctionnaires martiniquais, cela au terme d'une grève de 4 mois menée par ces derniers, conduirait fatalement au ligottage des classes moyennes ? Cette énorme circulation monétaire leur fut certes bénéfique mais tout autant sinon davantage aux Békés et aux professions libérales. Qui pouvait prévoir que ce faux développement, ce développement complètement factice car lié au bon vouloir financier français, puis européen, finirait par asphyxier la Martinique ? 

   La Martinique d'aujourd'hui ressemble à un malade qui ne survit que grâce à la respiration artificielle. 

   DES LORS, QUE FAIRE ? COMMENT LA REANIMER ? 

   La Révolution étant impossible et la Révolte n'obtenant que des améliorations provisoires et éphémères (ex. la grève de février 2009), le peuple, mené en bateau par des partis inconséquents, n'étant pas près pour l'indépendance ou ne la voulant pas (ex. les 80% d'électeurs qui se sont opposés à l'Article 74 en 2010), il ne reste qu'une solution : l'Evolution institutionnelle. En effet, chacun sait qu'"évoluer" signifie "changer progressivement, pas à pas" et non pas "changer du tout au tout ou du jour au lendemain". 

   Refuser de l'admettre revient à croire qu'incendier des autobus, piller des magasins ou crier "Békés ou Métros dehors !" pourrait changer quoi que ce soit à notre situation.

   Il est vrai que le PPM porte une lourde responsabilité dans notre impasse actuelle. Lui qui dès sa création en 1958 a eu pour mot d'ordre l'Autonomie, s'est refusé en 2010, pour des raisons bassement politiciennes, à appeler à voter pour ce tout petit début de commencement d'autonomie qu'aurait été l'Article 74. Est-ce que Saint-Martin et Saint-Barth qui ont voté en faveur de cet article sont pour autant devenues indépendantes ? NON ! Elles ont simplement acquis plus de marges de manoeuvre dans la gestion de leurs affaires. En attendant mieux...

   Qu'aujourd'hui, le PPM, arrivé au pouvoir à la CTM, ait changé son fusil d'épaule et organise un Congrès qui pourra permettre l'évolution institutionnelle qu'il avait rejeté en 2010, c'est son problème. Son problème de conscience. Ce qui doit importer, c'est L'INTERET GENERAL DE LA MARTINIQUE et non les pas de deux ou les soubresauts idéologiques des différents partis politiques. C'est pourquoi, ceux qui aujourd'hui refusent ce Congrès retombent dans le même travers que le PPM en 2010, celui des rivalités purement politiciennes, cela au mépris de l'intérêt général des Martiniquais. 

   Quand on jette un oeil sur la situation politique des autres territoires sous tutelle, on s'aperçoit par contre que les choses sont tout à fait différentes : la Corse vient de s'entendre avec le gouvernement Macron ; la Guyane s'engage sur la voie de l'autonomie et ne parlons même pas de la Kanaky (Nouvelle-Calédonie) qui est à eux doigts d'un changement radical. Tout ce qui vient d'être dit dans le présent article peut se résumer comme suit !

 

  • Au rang des décisions actées hier soir entre le Ministre de l’intérieur et la délégation d’élus corses : L’épineuse question de la reconnaissance des spécificités de la Corse en matière de DROIT À LA TERRE !

 

  • D’où l’intérêt de se mettre sérieusement au travail au lieu de camper sur des postures archaïques et d’opter pour la politique de la chaise vide au Congrès dès élus …
  • Mettons-nous sérieusement au travail pour faire entrer dans une LOI ORGANIQUE nos propositions en matière de POLITIQUE FONCIÈRE spécifique pour notre pays. Mettons nos savoir-faire et intelligence au service du Peuple Martiniquais et réglons définitivement cette question foncière qui nous divise et gangrène actuellement la société martiniquaise

 

  • À défaut de faire la Révolution, comportons-nous en élus politiques et simples citoyens responsables et saisissons les opportunités offertes par la RÉVISION CONSTITUTIONNELLE à venir.

 

  • __C’est au moment où le Colonisé a rendez-vous avec lui-même qu’il renonce à sa propre liberté __… PATAT SA !

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