Si jamais il y avait eu une consultation genre janvier 2010 sur le drapeau rouge-vert-noir et sur la co-officialisation du créole

     Même si un dicton affirme que Neg pa ni mémwè, chacun se souvient de la consultation de janvier 2010 sur le fameux Article 74 qui aurait permis à la Martinique d'avoir un tout petit début de commencement d'autonomie. Une poussière d'autonomie...

     Les électeurs avaient voté "NON" à près de 80%.

     Eh bien, s'il y avait eu le même type de consultation sur l'adoption du drapeau rouge-vert-noir, à n'en pas douter que le résultat aurait été à 85% "NON", puis une autre sur la co-officialisation du créole, on aurait eu 90% de "NON". Ne pas l'admettre reviendrait à se boucher les yeux. A ne pas reconnaître les effets terribles de trois-quarts de siècle d'assimilation. Autonomistes et indépendantistes ont beau avoir quasiment atomisé la Droite à compter des années 90 du siècle dernier, la réduisant à la portion congrue (sur 34 maires, par exemple, à peine 6 ou 7 sont de droite ou se réclament ouvertement d'elle), il n'en demeure pas moins que le peuple, en l'occurrence les électeurs, n'est pas convaincu du tout de la nécessité de desserrer un peu les liens avec l'Hexagone. La plupart d'entre eux votent soit parce qu'ils connaissent personnellement tel ou tel candidat soit parce que ce dernier les a aidés ou a aidé leur famille lors d'une passe difficile soit parce qu'il a trouvé ou fourni un emploi à tel ou tel membre de cette même famille soit parce que le candidat est doté d'un puissant charisme comme ce fut le cas de Césaire et de Marie-Jeanne. 

   On vote rarement en Martinique pour des raisons principalement idéologiques.

   D'autre part, face à la force de frappe de l'Etat français (40% des fonctionnaires, subventions européennes aux planteurs de banane, allocation-chômage, CMU, RSA etc...), la contestation autonomiste ou indépendantiste est de peu de poids. Mais c'est aussi la faute de ceux qui se disent tels car ils n'ont jamais élaboré de programme concret d'autonomie ou d'indépendance qui serait susceptible de convaincre une majorité de Martiniquais. Et surtout quand ils remportent les élections, ils ne cherchent pas à faire avancer l'autonomie ou l'indépendance d'un seul millimètre ! I n'y a qu'à voir celles et ceux qui se bousculent au portillon ces jours-ci pour tenter de décrocher un poste de sénateur ou sénatrice aux prochaines élections. Le principal problème auquel sera confronté la Martinique dans les prochaines années est la crise écologique dont on voit déjà les premiers effets avec la montée des eaux océaniques qui a déjà entrainé la quasi-disparition de certaines plages indispensables à notre économie touristique. De même que l'augmentation de la température dont on ressent déjà les premiers effets avec les chaleurs insupportables qui règnent ces temps-ci et dont les scientifiques nous disent que, tout comme la montée des eaux océaniques, elle ne cessera de s'amplifier, chose qui à n'en pas douter aura des effets catastrophiques sur notre agriculture. 

   Or, aucun de nos candidats (es) sénateurs (trices) ne fait de cette crise annoncée un élément important de leur programme. 

   Car enfin, adoption drapeau rouge-vert-noir et co-officialisation du créole, décisions certes louables, ne sont que des mesures symboliques, cosmétiques mêmes, visant à flatter le nationalisme de pacotille de nombre de Martiniquais. Ca ne mange pas de pain, comme dirait l'autre... 

   NB. Petit sourire : s'il y avait eu une consultation également pour savoir s'il faut remplacer le mot "Métropole" par celui d'"Hexagone", nul doute que le résultat eut été identique à celui du drapeau rouge-vert-noir et de la co-officialisation du créole.

Commentaires

La misère développe-t-elle l'intelligence?

Karl

26/06/2023 - 20:05

Ce propos est excellent : "D'autre part, face à la force de frappe de l'Etat français (40% des fonctionnaires, subventions européennes aux planteurs de banane, allocation-chômage, CMU, RSA etc...), la contestation autonomiste ou indépendantiste est de peu de poids. Mais c'est aussi la faute de ceux qui se disent tels car ils n'ont jamais élaboré de programme concret d'autonomie ou d'indépendance qui serait susceptible de convaincre une majorité de Martiniquais. Et surtout quand ils remportent les élections, ils ne cherchent pas à faire avancer l'autonomie ou l'indépendance d'un seul millimètre ! "

a suivre la logique de l'auteur de ce texte, pour accéder à l'indépendance, la recette est à portée de main : exigeons la suppression immédiates des 40% des fonctionnaires, des subventions européennes aux planteurs de banane, des allocation-chômage, CMU, RSA etc.... J'ajouterai la suppression de la sécurité sociale et d'une manière générale, de tous les transferts publics.
Autrement dit, pour être indépendant comme le sont les Etats insulaires des Petites Antilles (naturellement pas des grandes), soyons comme eux.

C'est un programme sans nul doute attrayant!!!! Chiche!!!!

FAMINE

Albè

27/06/2023 - 07:41

Sauf si les médias nous cachent la vérité, ce n'est pas dans les Petites Antilles qu'il y a des "boat people" c'est-à-dire des gens obligés de fuir leur île sur des embarcations de fortune, risquant ainsi leur vie, mais bien dans... Les Grandes Antilles ! Dans le paradis communiste qu'est Cuba, ça s'enfuit régulièrement en direction de la Floride ; en Haïti, ça tente de rejoindre le Mexique dans l'espoir de pouvoir traverser le Rio Grande ; à Saint-Domingue, ça tente de débarquer clandestinement à Puerto-Rico, ce département d'Outremer yankee ; à la Jamaïque, ça déboule au Canada anglophone, en particulier dans la riche province de l'Ontario. A l'inverse, on a beau se poster à Grand-Rivière et à Saint-Anne, même muni des meilleurs jumelles du monde, on n'aperçoit aucune flottille de "boat-people" dominiquais et saint-luciens prêts à se déverser sur la Martinique. En fait, ces îles servent de voie de passage pour des gens des Grandes-Antilles (Haïtiens et Pangnols) vers la Martinique. Sinon, aucun Barbadien, Grenadien ou Vincentien ne rêve d'émigrer dans l'El Dorado martiniquais. Faut arrêter de raconter des conneries des fois !

Karl retient de l'article…

certes

27/06/2023 - 09:24

Karl retient de l'article que pour être indépendants comme le sont les Etats insulaires des Petites Antilles, il suffirait d'être comme eux. C'est à dire sans 40%, subventions européennes, allocation-chômage, CMU, RSA, etc...
Il précise qu'il parle des Etats insulaires des Petites Antilles, "naturellement pas des grandes". Je n'ai pas compris le sens de cette précision.
Dans ses comparaisons, Albè est attentif à la superficie des pays. Peut-être Karl considère-t-il que les Etats des Grandes Antilles sont trop vastes pour qu'on leur compare la Martinique ? Je n'en sais rien.
Albè a une autre interprétation. Karl parlant de "misère" en évoquant les Petites Antilles, il fait comme si Karl prétendait que la misère n'existait pas dans les Grandes Antilles. Mais tout le monde sait qu'Haïti est dans une misère extrême. Ou que nombre de Cubains émigrent dans des conditions scabreuses. Alors, je ne comprends pas trop.

Sur le fond, pour aller vers l'indépendance, Karl propose ironiquement l'abandon des 40%, subventions européennes, allocation-chômage, CMU, RSA, etc... Il s'ensuivrait une sorte de "misère" qui nous rendrait plus intelligent (on est toujours dans l'ironie).
Albè explique qu'il n'en est rien : les Etats des Petites Antilles ne sont pas miséreux. Et il n'a pas tort : il n'y a pas de boat people de ressortissants des Petites Antilles.
Ces Etats trouvent d'ailleurs des appuis extérieurs, grâce à leur vote à l'ONU, à la vente de passeports, aux facilités fiscales. Sans oublier les subventions de l'ONU, de l'Europe. La Première ministre de Barbade s'illustre actuellement dans la recherche de subvention climatiques. Barbade réclame aussi des "réparations" à la Grande-Bretagne.
Dans ces conditions, la proposition de Karl ne donne-t-elle à réfléchir ? Si la suppression des 40%, subventions européennes, allocation-chômage, CMU, RSA, etc... n'affecte pas tant que ça le niveau de vie, pourquoi ne pas la faire ?

Cependant, je crois que cette querelle est à côté de la plaque.
Historiquement, on se souvient que les colonies anglaises de la Caraïbe n'ont pas réclamé et obtenu leur indépendance par un mouvement populaire. C'est la Grande-Bretagne qui s'est désengagée, laissant certaines îles désemparées. Comme la Dominique, qui envisagea de devenir département français.
Il est donc vain de chercher dans ces îles les causes de leur indépendance. Ces causes se sont surtout trouvées à Londres.

Dans un commentaire, Yves-Léopold Monthieux note que Justice est "pour un statut octroyé par Papa Blanc, non par le Peuple". C'est sans doute plus facile !

LE PEN EN 2027

Albè

27/06/2023 - 20:51

Peut-être que dans son programme électoral pour la présidentielle de 2027, Marine prévoira d'octroyer l'indépendance aux Antilles. Si jamais elle le fait gageons que les 73.000 abrutis qui ont voté pour elle se rabattront comme des manicous apeurés sur Macron ou Mélenchon. Sinon, pour en revenir aux propos de Karl, j'étais aux Salines la semaine passée et quoique muni de grosses jumelles, je n'ai pas vu de flottilles composées de hordes de St-Luciens désireux de migrer au pays des 40%, du RSA, de la CMU etc...Pourtant, les 26kms du canal de St-Lucie sont tout de même plus faciles à franchir que les 900kms de Méditerranée où des migrants africains se noient tous les jours. Karl, arrête de téter le biberon à 55° un peu !

Un peu de droit constitutionnel.

Rose

29/06/2023 - 06:52

En droit français personne ne peut "octroyer" l'indépendance à un territoire.La séparation d'un territoire dépend 1) de la volonté des habitants du territoire concerné ( référendum) 2)Et si mes souvenirs de droit constitutionnel sont bons ,aussi à ceux de la Métropole (appelez ça comme vous voulez) auxquels on demande s'ils sont OK pour la séparation.

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