Ce serait comique si ce n'était pas pathétique. Il est vrai que cette île ou plus exactement sa population est coutumière du comico-pathétique, voire du comico-tragique.
Ainsi, en cette année du 100è anniversaire de la naissance de Frantz Fanon, tous les natifs de Mada (abréviation de "Madafa" sans doute) ne jurent plus que par Frantz Fanon. Tout le monde se déclare subitement fanoniste et l'auteur des Damnés de la terre est célébré dans les médias, sur les réseaux sociaux, par les partis politiques et d'ailleurs, c'est l'association békée "TOUS CREOLES" qui a organisé la première conférence de l'année sur son oeuvre. Des rappeurs Bac-12 le célèbrent aussi dans les borborygmes qui leur tiennent lieu de chansons.
Bref ! Même le cabri de Ti-Sonson est fanoniste.
Ouais...Sauf comme il y a comme un...hic. Enfin, un léger problème si l'on préfère. Voire plusieurs. Du côté de Fanon d'abord, il avait adopté les prénoms d'Ibrahim Omar. Sur son passeport algérien on pouvait lire "Omar Ibrahim Fanon". De même que sur sa tombe dans le village d'Aïn Kerma, à la frontière algéro-tunisienne.
Rien à voir avec les Michel, François ou Jacques qu'affectionnent les Madafiens !
Ensuite, Fanon avait écrit cette phrase terrible :
"En Martinique, il y a plus de pantalons que d'hommes".
BOUDOUM !
Du côté des Madafiens fanonistes-de-la-25è heure qui claironnent aujourd'hui, il y a au moins trois hic. Trois gros hic. D'abord, ils avaient voté à 80% en 2010 contre un tout petit début de commencement d'autonomie. Ensuite, ils avaient donné 73.000 bulletins à Marine Le Pen et son parti raciste lors de la dernière élection présidentielle française. Enfin, ils manifestent depuis quelques mois pour que la boite de petit pois soit vendue à un prix identique à Mada et en "Métouopole".
Qu'est-ce qu'IBRAHIM OMAR FANON aurait pensé de ces trois exemples pris entre une bonne dizaine tout aussi affligeants ?
Réponse (probable) : عليكَ اللعنة ؛ يا تافه ملعون.
NB. Il y a eu toutefois, au cours des décennies écoulées diverses associations, mouvements politiques, intellectuels etc...qui se sont employés de manière sérieuse non pas seulement à "célébrer" Fanon comme c'est le cas aujourd'hui, mais à faire connaitre sa pensée et à tenter d'en utiliser certains aspects dans le combat pour faire avancer l'idée de souveraineté nationale. Liste non exhaustive : Cercle Frantz Fanon, MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), MODEMAS (Mouvement des Démocrates et Ecologistes Martiniquais pour la Souveraineté), PKLS (Parti Kominis pou Lendépandans ek Sosyalizm) etc...
...je viens de mettre un commentaire sous un autre concernant Fanon, mais qui était dans la rubri Lire la suite
...ont vraiment lu au moins ce qu’il a écrit, au moins "Peaux Noire Masques Blancs", "Les Damnés Lire la suite
...épi sé owganizatè kolok-la ! Non-yo matjé asou pwogram-la. Lire la suite
...man sé lé wè épi gadé, pa on ti montaj djendjen...
Lire la suiteIl y aura très certainement un lien Tik Tok pour suivre ce colloque, je pense. Lire la suite
Commentaires
Sans sommation
pra
07/04/2025 - 08:50
Visiblement, la présence de la tombe de Fanon à la frontière algero-tunisienne n'est pas ,ni ne fut d'une grande aide aux populations négres de ces pays dont on connaît la négrophobie structurelle.Tiens au fait, vous avez entendu parler de la destruction sans sommation ,cette semaine, des camps de migrants subsahariens par les autorités tunisiennes.?Et vous en pensez quoi?
Nous autres Antillais, n…
Albè
07/04/2025 - 10:46
Nous autres Antillais, n'étant ni musulmans ni Arabes, il semble que seul un Africain peut répondre à la question (hors sujet et imbécile comme d'habitude) du dénommé "Pra" qui change de pseudonyme tous les quatre matins. Posons la question donc à un Africain comme celui-ci :
https://fondaskreyol.org/article/fier-descendant-bilal-premier-muezzin-…
"Pra", un racisme n’est pas...
Frédéric C.
07/04/2025 - 19:13
..."structurel". D’abord vous n’êtes pas obligé d’utiliser des mots ronflants. Peut-être qu’à vos yeux ça en "jette", ça fait "intello", mais en l’espèce c’est plutôt ridicule et hors de propos. C’est comme si on disait qu’en France le racisme était "structurel". Le racisme (et TOUS les racismes d’ailleurs !) est une construction idéologique héritée en grande partie de l’histoire. La négrophobie existante dans les pays dits "arabes", héritée pour l’essentiel de la traite négrière "arabe", est tout aussi condamnable que les autres... Idem pour votre "arabophobie", qui s’exprime à tout propos et hors de propos, telle une envie brutale d’uriner liée à une hypertrophie de la prostate. Elle vient probt aussi chez vous d’une zone intestinale voisine de la vessie. Êtes-vous en train de créer un nouvel art martial anti-"Arabes" qui s’appellerait le "Jleurchitsu", élaboré par vos neurones sis dans votre côlon? Je vous signale que les Israéliens ont déjà créé leur propre art martial: le Kravmaga! Vous devriez aller vous engager ds l’armée israélienne, dont le Gvt fait massacrer le maximum d’"Arabes". Vous seriez dans votre élément... Ce serait plus courageux que de vous brancher votre arabophobie derrière votre clavier d’ordinateur, lâchement, sous des pseudo variants... Pff!
Dans le précédent commentaire...
Frédéric C.
07/04/2025 - 19:17
...je voulais écrire "vous branler l’arabophobie" et non "vous brancher...". Ceci est donc un erratum, poil au loukoum, "Pra". Et pour vous : SALAMALEKOUM!
Quelle perspicacité !!
pra
08/04/2025 - 01:37
J'ai bien une hypertrophie de la prostate et une zone intestinale voisine de la vessie (comme des milliards d'individus d'ailleurs)..Neanmoins je suis estomaqué par la justesse de votre diagnostic qui me conforte dans l'idée que contrairement à la majorité des commentateurs de ce site, je suis un grand malade.
Ne vous en déplaise, il y a des pays et des époques où le racisme est ou bien a été structurel.Exemples: Usa avant la desegrégation, la Mque esclavagiste ,Afrique du Sud de l'apartheid, le Maghreb du 16ème -17 ème siècles etc...
"Pra", si le racisme est "structurel" d’une société...
Frédéric C.
08/04/2025 - 05:32
...ou plutôt dans un PAYS, cela signifie par définition qu’il la structure. Donc que quand, pour des raisons politiques, le racisme y est banni, tout le pays s’écroule, faute de l’élément d’un élément fondamental de la "structure". Or dans (je vous cite) "l’Afrique du Sud de l’Apartheid, les USA ségrégationnistes, la Mque esclavagiste", et j’ajouterais l’Allemagne nazie ou la Russie tsariste, le pays ne s’est pas écroulé, même s’il s’est reconstruit après des opérations militaro-politiqurs. La construction idéologique a reculé selon des modalités diverses. En Mque, malgré les années, le "colorisme" reste présent. Donc exit votre qualification de "structurel" pour le racisme...
IL A REUSSI SON COUP !
Albè
08/04/2025 - 06:49
"PRA", alias moult pseudos, les uns plus grotesques que les autres, a pour une fois réussi son coup : dévier le lecteur de cet article de son véritable sujet. A chaque article, le bougre trouve le moyen de faire un commentaire hors-sujet teinté d'arabophobie maladive. Lui répondre comme le fait Frédéric C. revient à tomber dans son piège. Les (assez peu nombreux) lecteurs de ce site sont suffisamment corticalisés pour sourire de l'obsession arabophobe du sieur "Pra". Ca serait grave si Fondas K. touchait des milliers de gens mais ce n'est pas le cas et donc les éructations de ce bonhomme n'ont aucune portée. C'est juste du pipi de manicou. LE VRAI SUJET de l'article est le suivant : les Martiniquais d'aujourd'hui ont-ils le droit de se réclamer de Fanon ?
Albè, non je ne suis pas tombé...
Frédéric C.
08/04/2025 - 09:25
... dans le piège de "M.ou Mme multipseudo" alias Dugenou-de-l’Enflure-Suppurante"... Simplement, son "commentaire" m’a fait rigoler, donc je me suis amusé à lui répondre, sur un mode que j’espère il a comprendé... Un commentaire de l’article lui-même va viendre, jeu le promois zet le jure sur la tête de mon Kal non circoncis. Et l’amizman s’arrête là. Vous me suivez, Albè ?
KAL...EMBOUR
Albè
08/04/2025 - 13:23
Vaut mieum un kal embour qu'un kal non-ciconcis !
Albè, sé sa sèlman ou ritiyenn?? Ça...
Frédéric C.
08/04/2025 - 15:29
...me grattait comme un morpion de terminer monkau m’enterre par cette comparaison, mais je n’ai pas osé... Surtout que maintenant si on parle de "circoncision", on peut se faire traiter facilement d’"antisémite": regardez ce qu’ils ont fait à l’humoriste français Guillaume Meurice, qui avait qualifié Nettoie-Miaou de "Hitler sans prépuce", au regard du génocide en cours à Gaza. "Prépuce", c’est pareil : comme disait Francisco Hitler, c’est absolutamiente verboten. Allah limite, il faudrait dire "avant le post-puce", tourner autour du pot sans arrêt pour ne pas tomber sous le coup de la censure sioniste... Et pendant que j’ai écrit ça, au moins dix Palestiniens sont morts...au grand bonheur de "Pra" qui décharge sa haine sur les "Arabes", qu’il ne peut pas sentir. Sans doute parce qu'il ne sent pas aux bons endroits, kra kra!... Ah cette caricature de fils d’É.Zemmour et Thaÿs d’Escufon me fait mourir de rire, surtout par sa lâcheté.
Est-ce que toutes ces personnes citant telle phrase de Fanon...
Frédéric C.
12/04/2025 - 16:36
...ont vraiment lu au moins ce qu’il a écrit, au moins "Peaux Noire Masques Blancs", "Les Damnés de la Terre", "L’An V de la Révolution Algérienne", ou "Pour la Révolution africaine"? (1)
On peut en douter. Certains citent telle phrase ou groupe de phrases de Fanon, en les extirpant de leur contexte, voire sans, apparemment, avoir lu tel texte en son entier. Ni sans forcément comprendre l’"ESPRIT" de l’œuvre écrite de Fanon(2) (et pas seulement la « lettre » de tel passage) ni connaître le contexte historique de son activité. Une compatriote d’origine très populaire, connaissant les pbs d’aliénation culturelle, et ex-amie, citait la fameuse phrase "Chaque génération....", puis plus tard me dit avoir voté LePen le 23-4-22... Je crus à une blague sous forme de provoc', et tentai de lui demander si elle était sérieuse. Elle me répondit très agressivement: : "Mwen té kèy préféré voté ba on chiyen pasé voté ba Macron", sur un ton quasi-hystérique. Instruite et cultivée (Bac+5), elle aurait pu s’abstenir ou voter "blanc"... Comme quoi citer Fanon ne blinde pas un citateur (ou une citatrice) de comportements politiques incohérents commis sous une rage obsessionnelle, ne met pas à l’abri du soutien à ses pires ennemis...
DONC, M. le rédacteur, c'est comme s’il y avait une "mode Fanon" à l’occasion du 100è anniversaire (tout comme il y a, hélas, une «mode du RVN») et donc un «CITATIONNISME», qui «bloque» l’effort d’élucidation du réel, y compris le réel contemporain. De la même manière, avant la chute de l’URSS et une certaine restauration du capitalisme en Chine, des centaines de militants «avaient réponse à tout» en répétant par une sorte de FANATISME "Marx à dit que...", "Lénine a dit...", ou tel passage du "Petit Livre Rouge » de Mao (3), ou "Trotsky expliquait que... ». Comme si des gens avaient besoin de PÀP ("Prêt-À-Penser"), de "sources" identifiées de PÀP, donc de quelques "prophètes" incarnant LA vérité : c’est tellement plus confortable ! Et ça a qqch de presque religieux « On n’est pas croyants, mais Untel c’est pour nous une référence, donc on fait des concours de citations de notre prophète »... Et merde ! Cela m’a toujours emmerdé : çà faisait système, et leur servait de faux nez. Espérons que Fanon ne fasse pas désormais l’objet d’une telle cathéchisation, d’un tel embaumement.
Car cette « mode Fanon» occulte un angle mort : nous avons encore beaucoup à apprendre de Fanon, de ce qu’il écrivit et fit, non pas comme si c’était une icône, mais de façon critique (au sens de «constructif»), pour en saisir l’ESPRIT (au-delà de la «lettr »), ce qu’il peut nous apporter jusqu'à aujourd'hui pour décrypter le réel, y compris celui des pays occidentaux « ex-« colonisateurs (dans PNMB, il fait des observations plus que jamais d’actualité sur le racisme en France, ce racisme y explosant au grand jour depuis des années), y compris les «pistes» qu’il n’a qu’effleurées. Par exemple, certaines de ses hypothèses sont de vraies "PISTES" À EXPLORER. Exemples. Dans PNMB, il convoque l’hypothèse d’un "inconscient collectif" propre à chaque communauté humaine, en l’occurrence le peuple Mquais. Quelque part il bousculait ainsi C.Jung, qui parlait d’un Inconscient collectif «universel», avec les mêmes archétypes pour toute l’Humanité quel que soit le peuple. Or par exemple l’archétype de la mère en Mque de 1952 ne peut pas être envisagé de la même manière que dans un pays ouest-européen (du fait de la structure majoritairement matrifocale de la famille en Mque). Idem pour le "Complexe d’Œdipe", à examiner d’un oeil hypercritique, encore du fait de cette matrifocalité antillaise.
J’avoue humblement ne pas avoir fait le tour de Fanon. Chaque ouvrage mérite plusieurs lectures. SACHANT QUE :
1)Son expression, souvent, ne s’adresse pas seulement à notre intellect, mais aussi à nos tripes, nos viscères, pour qu’on ressente ce qu’il exprime, comme une "onde choc". C’est flagrant dans certains passages de PNMB, entre autres. Psychiatre, il connaissait les synergies permanentes entre le corps et l’esprit, la somatisation en étant une illustration célèbre. Et puis, blessé à la guerre en France, un homme aussi lucide connaissait les liens entre les ressentis physiques et mentaux.
2°) sa pensée, stimulante (en particulier dans DT) fut en permanente évolution. Il semble avoir été influencé par Sartre, Tosquelles, mais, dans la démarche, s’être assez « marxisé », au point d’agir sur le terrain qu’il avait choisi (la psychiatrie, la praxis politique, les questions de « classes sociales » et l’entrave que constituent certaines «bourgeoisies locales parasitaires» pour la libération nationale et un développement national authentique, vu la carence en "capitaines d'industries" nationaux).
3°) il convient peut-être de resituer Fanon dans son époque. Le citer « in abstracto » n’a aucun sens, sauf pour l’ego de qui veut « faire son intéressant ».. Car l’époque de Fanon était, bien avant que Guevara quitte Cuba, "L’HEURE DES BRASIERS"(4), celle des mouvements de décolonisation accentués en 1945 (8-5-45 Sétif-Guelma-Kerrata : « Et nous alors ?! »), accélérés par Bandoeng (1955), avec des chefs parfois éminents en Inde(5), "Indochine", Algérie, Congo belge (futur "Zaïre"), Cameroun, Cuba, St-Domingue, Kenya..., mouvements se poursuivant après 1961 et ébranlant la planète (guerre du Vietnam). Les gens citant Fanon in abstracto savent-ils tous un peu ce que fut ce contexte, qui furent et ce que firent des dirigeants anticolonialistes ou théoriciens comme P.Lumumba (né et mort la même année que Fanon), G.A.Nasser, Agostino Neto, Mehdi Ben Barka, Amilcar Cabral, Hocine Ait-Ahmed, Ahmed Ben Bella, E.C.Guevara, Samora Machel, Félix Moumié, K.N’Kruma, Ruben Um Nyobé, Samir Amin, etc., les projets panafricanistes d’alors, des organisations comme le PAI-GC, et tous les gens et organisations s’étant alors engagés dans ce combat à l’échelle planétaire. La Conférence Tricontinentale, l’OSPAAL, cela dit-il quelque chose à ces citateurs et citatrices ?...Ces mouvements, et les militants engagés dedans, souvent contemporains de Fanon (nés dans les années 1920), ce n’est pas du luxe de se pencher dessus. Et ces organisations font partie de l’histoire des pays du Tiers-Monde(6). Pour l’essentiel, les problèmes soulevés par Fanon ne sont toujours pas réglés.//
SACHANT aussi QUE parfois, ponctuellement, Fanon se trompa(7), ce qui est arriva à tous les penseurs, même progressistes. Mais même ses erreurs ponctuelles peuvent nous éclairer. Par exemple, de mémoire, et S.E.O. de ma part:
1)celle sur le processus révolutionnaire algérien qui, selon lui, impliquerait en soi la libération des femmes algériennes (dans "A5RA/SR".). On sait qu’après 1962 ce fut "un peu plus compliqué" pour les femmes algériennes de se libérer de l’archaïque patriarcat. Si Fanon avait vécu, son positionnement très progressiste l’auraient probt fait cataloguer comme trop à «gauche» aux dirigeants du FLN ; il aurait peut-être été politiquement marginalisé voire éliminé (dès le début, le régime issu de la guerre en déçut plus d’un à cet égard, qui durent s’exiler. Par exemple, H.Aït-Ahmed, arrêté et condamné à mort en 1964, mais évadé puis exilé ; A.Ben Bella, 1er Pdt de la Rép. Algérienne, renversé en 1965 emprisonné, assigné à résidence, puis exilé ; or les 2 firent firent partie du noyau initiant le 1er Nov. 1954.) ;
2)La fameuse phrase introductive des DT est "La décolonisation est toujours un phénomène violent", donc, sous-entendu, "physiquement violent". Cela ressemble à un constat, voire à une (légitime) déclaration de guerre. Mais ça ne s’est pas toujours présenté ainsi, en tout cas pas avec l’énorme, continue et massive intensité que lui attribue le "Fanon de 1961", ni avec la "vertu cathartique » qu’il confère à cette violence... Même s’il y eut des phénomènes de néocolonialisme, y compris dans la Caraïbe, l’accès à l’indépendance se fit parfois sans massive violence physique (l’indépendance du Maroc et de la Tunisie s’opéra sans la violence de la guerre d’indépendance algérienne ; les Seychelles, indépendantes depuis 1976, non plus, alors qu’elles furent dirigées par le très progressiste France-Albert RENE), ou avec moins de violence selon les colonies...et les pays colonisateurs. Exemple : la France s’accrocha militairement et comme une escadrille de morpions à l’ « Indochine » (8 ans), l’Algérie (7 ans ; et certains en France voulaient continuer !), le Cameroun. Dans la même période, l’Inde accéda à l’indépendance sans guerre physique de même ampleur. Malgré les arrière-pensées et leur aigreur, les Britanniques se retirèrent à peu près tranquillement de l’Inde (Churchill était contre, mais il n’était plus au pouvoir). Pour la Mque, personne ne peut dire comment cela pourra se passer.
3) Celle sur le « leader », dont selon Fanon les peuples avaient appris à se défier et se méfier. L’histoire depuis 1961 montre que l’ère des « leaders » et manipulateurs avaient encore de beaux jours devant elle, et pas seulement dans le tiers monde.
4)Son article sur décembre 1959 fleurait bon l’idéalisation et le fantasme politique (réédité dans « Pour la Révolution africaine »).
Mais en dépit de ses erreurs ponctuelles, Fanon fut un grand penseur, porteur d’analyses d’une fulgurance éclatante voire éblouissante, une sorte d’"intellectuel organique" des peuples colonisés, et conformant sa vie à ses idées, la risquant à chaque instant. Mais n’est-ce pas une erreur d’en faire une icône intouchable ? Lui-même, si critique vis-à-vis de tout, aurait-il apprécié d’être l’objet d’un véritable culte a-critique ?
Doit-on faire à son égard ce que firent ou font encore certains "intégristes" politiques? À savoir (ici: humour!) proclamer respectivement : Lénine-akhbar, Trotsky-akhbar, Mao-akhbar, Allahu-akhbar, et maintenant Fanon-akhbar ? Dans ce cas, il s’agirait d’en faire une icône devant laquelle il faudrait se prosterner comme devant un Dieu, s’en faire un "Ayatollah" (humour). Alors là c’est NON... Et si c’est cela, on déboucherait sur un "cercle des fanonolâtres bientôt disparus". EN REVANCHE, s’il s’agit d’étudier Fanon (l’homme, son parcours et ses textes) comme un grand politique, ayant inspiré par sa pensée et son exemple des centaines d’anticolonialistes dans le monde, et dont on peut ENCORE tirer des enseignements introuvables ailleurs, alors là OUI, mais de façon critique : sa pensée était en évolution et son fil a été brutalement coupé. Et il semble que, comme chacun il avait des doutes, et souhaitait douter. N’est-ce pas explicite dans la dernière phrase de PNMB : « Mon ultime prière : ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge ! ». Et n’oublions pas qu’il écrivait "Les DT" en sachant qu'il menait une course de vitesse contre la mort. N’empêche : en lisant vers 1982 certaines de ses descriptions de sociétés néocoloniales dirigées par des bourgeoisies bureaucratiques « indigènes », on pouvait ressentir un malaise, comme si cela concernait la société algérienne des années 1980.
Mais il conclut sa démonstration des DT par des phrases plus que jamais d’actualité, contre la Françafrique (sans encore parler de « Coopération France-Afrique »), mais pas seulement. Exemple : « Il s’agit pour le Tiers Monde de recommencer une histoire de l’homme... Ne payons pas de tribut à l’Europe en créant des Etats, des institutions et des sociétés qui s’en inspirent. L’humanité attend autre chose de nous que cette imitation caricaturale et dans l’ensemble obscène... Pour l’Europe, pour nous-mêmes et pour l’humanité, camarades, il faut faire peau neuve, développer une pensée neuve, tenter de mettre sur pied un homme neuf »... Bref, les peuples « ex »-colonisés ont encore de vastes chantiers devant eux pour accéder à leur pleine libération. ////
(1) Dans ce commentaire, désignés par PNMB, DT, A5RA/SR, PLRA. Mettons de côté les "Ecrits sur l’aliénation et la liberté", T.1 et 2, parfois assez techniques (Fanon étant psychiatre, et ayant mis ses compétences au service de la cause anticolonialiste)./
(2) Je ne prétends pas avoir tout compris des 4 ouvrages les + célèbres... Mais il y a des limites aux détournements.//
(3)depuis 1956, Staline avait un peu disparu de ce catéchisme ostensible du "citationnisme", sauf chez certains maoïstes; en Mque, en interne, Staline restait parfois évoqué au PCM (pas en tant que chef de l’URSS qui écrasa militairement le IIIème Reich hitlérien, ce qui est historiquement vrai...), mais au niveau des méthodes d’organisation.///
(4) "Dans son « Message à la Tricontinentale », Che Guevara écrivait « La hora de los hornos » : traduction littérale = "L’heure des fours". Les sionistes ne l’auraient pas raté!!////
(5)pour Gandhi, attention : c’était peut-être un «grand» pour l’Inde, mais c’était un sacré négrophobe./////
(6) Y a-t-il vraiment un «Sud Global» : cette expression recouvre des réalités très hétérogènes : quels points communs entre l’Inde et l’Arabie Séoudite d’une part, et les Seychelles et la Dominique de l’autre ? Quant à l’expression « PEVD » elle est très hypocrite, puisque certains pays sont de plus en plus sous-« dvpés » (Haïti par exemple).
(7) Oui, j’ose écorner la sacro-sainte icône.