Sans doute que peu de gens s'en sont rendus compte d'autant que d'une année sur l'autre, cet exercice qui s'impose à tous les responsables et dirigeants à travers le monde ne varie guère.
Ils font le bilan de l'année qui vient de s'achever et equissent les projets à venir, sauf évidemment dans les pays où une guerre se déroule. Dans le message de Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif de la CTM (Collectivité de Martinique), les esprits attentifs n'ont pas manqué de noter un oubli s'agissant de ce qu'il a appelé des "avancées pour la Martinique", avancées déjà réalisées ou qui le seront incessament sous peu : le classement de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet au patrimoine mondial de l'UNESCO, la création de la Maison du retour, l'adoption du drapeau martiniquais, l'intégration prochaine de la Martinique dans le CARICOM, la mise en route du cyclotron, l'ouverture du Conservatoire d'Art et de Musique et du Pôle Universitaire de Santé, la création d'une Agence de Développement de la Martinique etc... etc...
Mais curieusement, le patron de la CTM n'a pas cité l'un des sujets qui a entraîné le plus de controverses, voire de polémiques durant l'année 2023 à savoir le vote d'une délibération par l'Assemblée de la CTM en faveur de la co-officialisation du créole et du français, vote pourtant unanime à 1 voix (une abstention) près. On se souvient que la controverse qui s'en était suivie avait agité son propre parti, le PPM (Parti Progressiste Martiniquais) où des militants avaient rué dans les brancards, certains publiant même une lettre ouverte dans laquelle il lui demandait s'il ne serait pas en train de conduire la Martinique sur le chemin de l'indépendance.
Serge Letchimy n'avait, de toute évidence, pas mesuré la créolophobie viscérale des Martiniquais, toutes opinions politiques confondues, et l'on peut comprende que non seulement il se soit gardé d'évoquer la co-officialisation linguistique dans son message de bonne année mais qu'en plus, il n'ait pas prononcé un seul mot de créole. Même pas, en toute fin de discours, le fameux "Mèsi anpil ! Mèsi anchay !" qu'affectionnent les indépendantistes pour se donner bonne conscience. Chat échaudé craint l'eau chaude, dira-t-on.
C'est que la Martinique est un véritable cas d'école : elle est le seul pays qui se veut une Nation, où les mouvements autonomistes et indépendantistes sont électoralement dominants et donc au pouvoir depuis des décennies (la vieille Droite assimilationniste ayant été marginalisée) et dans lequel la revendication linguistique ne figure pas dans la liste des revendications les plus importantes. Partout (au Québec, en Catalogne, en Corse, en Polynésie etc...), cette revendication fait partie de ladite liste sans que cela soit l'objet de la moindre discussion.
L'explication de cette anomalie martiniquaise tient au fait que le créolophobie, née de notre passé d'esclavage, n'est qu'une variante de la négrophobie qui nous a été inculquée. De notre auto-négrophobie plus exactement qui se masque derrière une prétendue valorisation de "la culture martiniquaise". Tant que le créole demeure oral et donc à l'état de sous-langue, cela ne gêne personne, mais dès qu'il est question de le faire passer à à l'écrit et donc de le transformer en langue de plein exercice, presque tout le monde se braque.
Dépi an Milat ni an vié chouval, i ka di manman'y sé pa an Nègres, disait-on autrefois...
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé po Lire la suite
ce sera très drôle! Lire la suite