Depuis quelques années, sans que le grand public s'en rende compte, un certain nombre de termes visant à désigner les pratiques culturelles martiniquaises a tendance à s'imposer, cela par le biais des médias et des réseaux dits sociaux.
Ces termes sont des sortes d'euphémismes lesquels sont, comme on le sait, une manière d'évoquer la réalité de manière oblique ou détournée. Ainsi, ne dit-on plus "vieux" mais "senior", "aveugle" mais "non-voyant", "nain" mais "personne à verticalité réduite" etc... Ce phénomène part d'un bon sentiment : ne pas rappeler à quelqu'un ce que la société ou en tout cas l'inconscient collectif juge comme un défaut. Comme quelque chose qui n'entre pas dans la norme.
Par contre, là où il y a problème, c'est quand on applique la même chose à l'identité ou à la culture de tout un peuple.
C'est ce à quoi on assiste en Martinique où l'on ne dit plus "Martiniquais", "Antillais", "Créole", "Caribéen" etc... mis "Local", "Typique", d'Antan", "Traditionnel", "Spécifique" sans même parler de l'inénarrable (et colonial) mot "Territoire" pour désigner notre pays. Ces termes vagues__"cuisine locale", "costume traditionnel", "musique typique", "culture spécifique", "mœurs d'antan" etc...__suppriment l'ancrage historique et culturel des réalités en question, les oblitèrent et en fait les renvoient à du simple folklore. Tout cela participe, à l'insu du plus grand nombre, à une forme sournoise de génocide culturel.
Question : est-ce que cette dérive euphémistique provient des Martiniquais eux-mêmes ou alors de la culture française qui leur est imposée par l'école, les médias, le cinéma et une certaine arrogance négropolitaine, certes récente mais exaspérante ? Difficile de trancher pour l'instant mais gardons à l'esprit que chaque fois que nous disons "local", "traditionnel", 'typique", "spécifique" au lieu de "martiniquais", "antillais", "créole", "caribéen", nous participons activement à notre propre zombification.
Si on vous comprend bien, MoiGhislaine, le charbon de Lorraine devrait, pour reprendre votre expr Lire la suite
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. Lire la suite
Il faut être un sacré farceur pour faire croire aux Martiniquais qu'un deuxième Cuba est possible Lire la suite
...toute la "classe politique" (qui n’est d’ailleurs pas une "classe sociale") sur le même plan ? Lire la suite
...ou ka trouvé tout diks-li, òben yo ka viré enprimé tou sa i fè-a vitman présé! Lire la suite
Commentaires
Il y a pire que ça...
Frédéric C.
23/11/2024 - 15:38
...À une époque pas si lointaine, l’adjectif qualificatif "national" était fréquemment utilisé pour désigner tel écrivain (Césaire comme "notre grand poète national", dixit M.Manville), tel artiste (Mona, y compris de son vivant !), le créole... Celà ne semble plus, ou très peu, usité... Comme si la question "nationale" n’était plus à l’ordre du jour. Ce n’est sans doute pas une coïncidence !... Encore pire: le BÈLÈ, qui était depuis toujours un ensemble de pratiques musico-vocaļo-chorégraphique de résistance culturelle, et de relative résilience, est pratiqué parfois par des Mquais disant ouvertement qu’ils votent pour LePen et le FN-RN. L’assimilationnisme d’extrême-droite marié avec l’anti-assimilationnisme culturel, dans la même personne. Dèkdèk?... Ce qui se passe en Guadeloupe ne nous console pas : MLP accueillie par des Guadeloupéens natif-natal au son du gwoka... Vous avez dit "ZOMBIFICATION"?
MECOMPRENSION
Albè
25/11/2024 - 07:27
Je crains que vous n'ayez mal compris cet article. A moins que ce ne soit moi qui me trompe. En effet, le terme "national" que vous évoquez est tout aussi vague que "traditionnel", "local" ou "spécifique" puisqu'il peut s'appliquer à n'importe quel peuple ou pays. "National" n'indique pas une identité précise ou particulière ! Mais il y a pire : lorsqu'en Martinique, un politicien ou un journaliste dit, par exemple, "Quand on examine les choses au plan national, on se rend compte que etc...". Ce "plan national" est celui de la France, de l'Hexagone et aucunement de la Martinique. Il n'y a guère que chez une minorité d'indépendantistes que le terme "national" signifie "martiniquais".